Les récits dans l’assiette : quand les mets donnent vie aux mots

Les récits dans l’assiette : quand les mets donnent vie aux mots

 

En ce mois de mars alors que la fin de l’hiver et l’arrivée du soleil se font attendre, nous vous proposons de mettre un peu de chaleur et d’exotisme dans votre quotidien. Voici trois histoires dépaysantes et riches en saveurs ; des livres d’occasion qui parlent de cuisine et de voyage à découvrir sur Livrenpoche.

Nous vous emmenons au Mexique, en Inde et au Vietnam pour un voyage culinaire où tous les sens se répondent. Laura Esquivel, Bulbul Sharma et Kim Thúy mettent en scène les souvenirs et les émotions à travers les recettes qui ont marqué leur vie. 

« C’était comme si, par une extraordinaire réaction alchimique, son être s’était dissous dans la sauce des roses, dans la chair des cailles, dans le vin et dans chacun des effluves du repas. »

Chocolat amer (1989), Laura Esquivel. 

Le récit se présente comme un conte, une histoire de famille où la narratrice nous transmet l’histoire de Tita, sa grand-mère. Tita est la dernière fille de Mamá Elena et, comme le veut la tradition, elle est tenue de rester célibataire et s’occuper de sa mère jusqu’à la mort de celle-ci. Par ailleurs, Tita est excellente cuisinière et son interaction avec les aliments se manifeste des plus curieuses façons. On dit qu’elle pleurait dans le ventre de sa mère enceinte lorsque cette dernière coupait des oignons. Les plats qu’elle prépare déclenchent les passions des autres personnages, les arômes qui s’en dégagent sont un concentré des émotions et des désirs qui animent Tita. Dans ce récit empruntant à la fois à la littérature sentimentale et au réalisme magique, Laura Esquivel dépeint avec finesse et enjouement la trajectoire d’une femme qu’on tente d’enchaîner, où libération des passions rime avec création.

Je veux découvrir Laura Esquivel 

« [...] je pus entrevoir une rangée de bocaux de pickles irrésistibles, luisant dans la faible lumière distillée par le papier brun : mangues au sucre de palme, chou-fleur et carottes épicés dans un grand bocal de verre et, juste à côté, le fleuron de la réserve de Buaji : dix petits flacons de piments rouges fourrés aux épices. »

La Colère des Aubergines (1997), Bulbul Sharma. 

Dans La Colère des Aubergines, les histoires se suivent sans continuité apparente : le seul lien qui les unit consiste en des recettes placées à la fin des chapitres. Chaque fois, le récit est focalisé sur un personnage féminin et la résonance poétique d’un plat avec le foyer où il est préparé, les rapports de force domestiques, les intrigues qui s’y déroulent. Le lecteur est immergé dans les odeurs et les bruits de la cuisine, les conversations de derrière les fourneaux, l’agitation d’un repas. Il savoure toute la palette des émotions ; il goûte au miel du désir amoureux, au sel de la colère, à l’amertume de la jalousie et à un humour piquant. Bulbul Sharma exécute avec talent cette peinture en couleurs et richement nuancée de la société de castes qu’est la société indienne qu’on découvre de l’intérieur, au travers d’aventures intimes et familiales.

Je veux découvrir Bulbul Sharma

« La nourriture est omniprésente dans la vie des Vietnamiens. C'est par la cuisine que l'on exprime l'affection, l'amour, la tendresse. Ainsi ma mère ne dit pas "je t'aime", mais elle dépose la joue du poisson dans le bol de mon père qui à son tour la met dans mon bol, et moi dans celui de mon fils, qui, en bon petit-fils vietnamien, la remet dans le bol de mon père. »

Mãn (2013), Kim Thúy. 

Kim Thúy nous livre à la première personne l’histoire de Mãn, une jeune vietnamienne exilée à Montréal, qui est aussi un peu la sienne. Le roman s’ouvre avec l’enfance de l’orpheline, son éducation, puis sa fuite de la guerre au bras d’un homme qu’on lui a désigné. Ce dernier tient un petit restaurant vietnamien à Montréal où elle se découvre une vocation ; celle de raconter des histoires à ses hôtes canadiens et raviver les souvenirs des autres exilés de son pays, à travers ses délicieuses préparations. La vie de Mãn est éprouvée par bien des malheurs où le silence tient une place importante, pourtant jamais le style de Kim Thúy n’est grinçant ni pesant. Le fil du récit se déroule tout en légèreté et poésie ; chaque instant de vie se déguste, chaque désir est incarné, relevé de mille condiments. Les œuvres de Kim Thúy appartiennent à la littérature francophone : le vietnamien est sa langue maternelle mais elle écrit en français. Elle joue de ce métissage au cœur même du texte où les mots vietnamiens sont délicatement saupoudrés, à côté du texte français, où l’on goûte les mots aussi bien que les mets. 

Je veux découvrir Kim Thúy

Dans chacun de ces romans écrits pour le palais et pour l’âme, les recettes font corps avec le récit puisqu’elles précèdent les épisodes dans Chocolat amer, les suivent dans La Colère des aubergines et referment le récit de Mãn. On trouvera à chaque fois la liste des ingrédients, les proportions et le déroulé de la recette. Il ne vous reste plus qu’à vous mettre à table, et nous à vous souhaiter bon appétit !

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